Interview

Interview réalisée par Elisa Morgan de l'agence Chlorofeel communication

 

Un coach jardinage à domicile

       avec  Michaël le                                    jardinier...

 

 Tu as déjà entendu parler d’un coach paysager, toi ? Non ? Moi non plus. En tout cas, ça existe. Apparemment il n’y en a pas des tonnes. Et comme je m’intéresse tout particulièrement au jardin, au jardinage, aux plantes etc, j’ai flashé sur son profil. Voilà pourquoi je me suis dit qu’une petite interview serait sympa, comme sujet original, pour que tu saches, toi aussi, que ce type de profession rare existe, et que peut-être tu en fasses tes jours de fête.

 

Son secret

Michaël : Écouter mon ressenti, cerner la personnalité et la demande du client, parfois non exprimée ; 73% de la communication est non verbale. C’est un vrai exercice relationnel pour lequel je me fais moi-même coacher.
L’observation est la principale qualité des bons jardiniers. Mes sens sont en alerte maximale avec l’écoute, la vue, le toucher et l’odorat.
Être pédagogue : je dessine des plans de jardins simples à comprendre, afin d’aider le coaché à se projeter dans son projets de création et de matérialiser l’idée. C’est nécessaire pour le déroulement du coaching et la remise en état. Le travail n’est pas ma vertu première. Je préfère en faire moins et mieux. Le conseil de qualité est mon cheval de bataille. Les gens ne veulent plus s’encombrer de blabla et préfèrent aller à l’essentiel. Ce que je veux, c’est prendre mon pied dans ce que j’entreprends. Sinon je suis moins concentré et moins inspiré, surtout si je suis débordé. Je me lâche de plus en plus dans ma créativité en traversant parfois des passages chaotiques peu confortables mais propres à chacun en fonction de ce qu’il s’autorise ou pas.
L’adaptation : par exemple un client qui a déjà des notions et sais approximativement ce qu’il veut, peut simplement me questionner sur une thématique. Avec Skype, c’est possible, et une assistance en cours de chantier peut débloquer une problématique.

 

Avant, j’étais beaucoup dans le «faire» et moins dans «l’être».

Si je ne faisais pas, j’avais l’impression de ne pas « être ». C’était lié à la notion de professionnalisme et aux anciens schémas de surproductivité qui ont atteint leurs limites. Dès l’école primaire, on nous conditionne au rendement ; seuls les élèves à fort potentiel intellectuel sont valorisés. Ceux qui sont trop dans l’émotionnel sont perçus comme faibles et exclus des rangs au fur et à mesure de l’avancée dans les études. On oublie toutes les richesses et les différences de chaque humain. Pour moi, c’est là que commence la rupture entre l’homme, ses semblables, la nature, et donc sa véritable nature. Aujourd’hui, l’interprofession et l’éducation nationale essaient de valoriser les métiers manuels, les voies de l’apprentissage longtemps décriées. La prise de conscience environnementale collective commence à valoriser nos métiers mais hélas pas encore sur leur valeur marchande.

 

Alors Michael, dis-moi, c’est quoi un coach jardinage à domicile?

C’est quelqu’un qui accompagne, écoute, informe et conseille les particuliers qui ont le projet de créer ou de refaire leur jardin.
J’apporte mes solutions à tous les problèmes du jardin et je dénoue les problématiques liées à la non connaissance des plantes. Une plante… on parle d’acheter une plante. En fait, on l’adopte. La plupart des plantes qu’on achète sont exotiques. Il faut se dire que lorsque tu prends une plante exotique, c’est comme si tu mettais un zèbre dans ton jardin : il va avoir des problèmes de pelage, il va déprimer. Une plante, c’est pareil. Le zèbre, s’il a tout ce qu’il faut, il va s’adapter. La plante aussi. Mais il faut que ça s’accorde avec ton style de vie. Ne perd pas de vue qu’une plante, c’est un être vivant avant tout.

 

Le rhododendron par exemple, ça peut marcher dans le midi s’il est à l’ombre et s’il est bien arrosé. Si tu respectes les besoins des plantes, elles tiendront leurs promesses et te rendront heureuse voire te surprendront. Par expérience, 98% des plantes que tu achètes sont saines ;  c’est la différence de traitement entre le pépiniériste et le tien qui va faire la différence. Le secret réside dans la prise de conscience et la connaissance qu’il te faut acquérir. Là est la main verte.

 

Qu’est ce qui fait que tes clients viennent te voir, toi?

Pourquoi vont-ils voir un coach jardinage à domicile plutôt que de demander à un paysagiste ?
Tout d’abord, l’un n’empêche pas l’autre au contraire. Et puis, peut-être, pour être acteur de son projet.
Ce que je propose à mes clients, c’est de monter le projet de jardin ensemble. Avec un paysagiste, on reste dans une optique de consommation. Le client exprime rapidement sa demande et le paysagiste lance le travail. En gros on achète un jardin comme on achèterait une maison, ou n’importe quel bien de consommation, ou mieux, une prestation de service.
J’invite les gens à une réflexion plus profonde et subtile, un jardin se murit : c’est le lien entre ton jardin intérieur et celui de l’extérieur. Il y a des erreurs à éviter. À titre personnel, je me sens bien dans certains jardins et presque mal dans d’autres. On ne peut développer cette vision en cinq minutes. Le paysagiste peut te montrer son book et tu choisis un style qui ressemble à ce qui te plait. C’est comme si tu t’habillais avec les fringues des autres… Mais on a tous une idée personnelle différente en rapport avec ce qu’on a vécu, nos goûts, notre singularité. Déjà, dans un couple, il y a deux personnes différentes.

De mon côté, créer un jardin avec mon client me demande beaucoup de temps. Un paysagiste ne peut pas passer deux heures sur un projet, alors que j’y passe quatre ou cinq heures en moyenne. Quand le projet est fini, la personne reçoit le plan, la liste de plantes, elle peut aller les acheter par elle-même.
Pour des gros travaux ou parfois pour des raisons qualitatives et économiques, je conseille aussi des confrères spécialisés en partageant mon carnet d’adresse. C’est mieux pour le client que je lui recommande des professionnels dont je suis sûr.

 

Peut-on te comparer à un architecte paysagiste ?

Oui un peu, mais pas seulement, car je suis un homme de terrain et j’ai une expérience de 25 ans à travers les métiers de paysagiste, fleuriste, vendeur en jardinerie, fournisseur pour des professionnels du jardin et de l’horticulture à mon compte. J’ai remis en état environ 500 jardins dans la région angevine, pour lesquels j’ai trouvé des solutions. Mes clients bénéficient de mes 8 ans de formation (horticulture, espaces verts, fleuristerie, paysagiste d’intérieur) et mes voyages initiatiques internationaux, notamment dans le célèbre éco-village de Findhorn en Écosse. Une ouverture au Feng Shui et aux esprits de la nature m’aide à aborder le jardin de manière multidimensionnelle. Tout cela me permet de former les particuliers en leur transmettant la main verte.

 

Qu’est ce qui t’a décidé à devenir coach de jardin?

Michaël : « J’aime transmettre mes connaissances, créer ce lien entre l’homme et les plantes. »
Elisa : « Je n’ai jamais vu ce type de profession. »
Michaël : « Moi non plus. J’ai inventé ma profession. »

 

Comment ça se passe concrètement un coaching de jardin ?

Le client voit mon blog sur le coach jardinage à domicile, m’appelle et me dit : « J’aimerais bien que vous m’aidiez à m’améliorer dans le jardinage. »
Ou bien : « J’ai un jardin à faire et j’aimerais avoir vos conseils. »
Le fait de me voir les encourage aussi à travailler avec moi car ils voient bien que j’ai de l’expérience. Ça crée une dynamique d’entreprendre pour le coaché. Une véritable énergie de bien être au service de la nature.
C’est aussi un cadeau original pour un amateur de jardinage.

Comment ça se passe ? Je fais un état des lieux avec mon client avec une grande partie d’écoute. On fait le tour du jardin et la personne présente son jardin avec fierté. On rencontre des problématiques : telle plante a tel problème. La personne veut s’améliorer en jardinage ou bien elle a envie de changement.
Mes clients n’ont pas forcément la main verte mais certains bricolent bien.

Je prends des notes et réalise un croquis, puis on va se poser autour d’une table avec mes bouquins pour visualiser des plantes, des massifs, des styles de dallage, des brises-vues possibles… Les clients proposent souvent des plantes mais ne connaissent pas toujours le nom, alors je les aide à le trouver. Souvent ils expriment de la joie de mettre un nom sur une plante qu’ils ont vue il y a des années ou dans le jardin de leur enfance. Cela va leur permettre de la retrouver facilement et de se la procurer.
Une partie du coaching se fait en direct, et plus tard je réfléchis aux solutions. Il faut laisser reposer les choses.
Dans un deuxième temps, je donne une liste de plantes, un dessin du projet et un plan d’action. Le client n’est pas forcément prêt tout de suite à lancer tous ces changements. Je lui conseille parfois un prestataire, et d’autres fois, le client préfère modifier par lui-même pour optimiser son budget jardin.

 

Comment tu te positionnes côté bio ?

Pour moi le bio c’est la base, et représente mes valeurs actuelles. J’ai 47 ans, quelques problèmes de santé, je fais attention à ce que je mange, et je suis contre tous les pesticides.
Au début de ma carrière, j’étais pour, parce qu’à l’époque, je n’avais pas cette notion de préservation de la planète. Les pesticides étaient une solution et faisaient partie intégrantes des soins apportés aux plantes face aux maladies et ravageurs. Ensuite les premiers scandales ont éclaté avec les maladies déclarées chez les agriculteurs… après, tout le monde connait la suite.

J’ai eu une prise de conscience et me suis dit qu’il fallait aller dans le sens de la vie et de la terre. Et puis la chimie a ses limites ; j’ai vu mes pelouses de moins en moins belles à cause des sélections de semence et des engrais chimiques qui tuent la vie du sol. J’ai regardé les vidéos sur Claude et Lydia Bourguignon qui travaillaient à l’INRA. Ces deux ingénieurs agronomes se sont trouvés en désaccord avec cette institution et ont préféré monter leur société. Ils expliquent en quoi les pratiques de l’agriculture traditionnelle ne sont pas respectueuses de l’environnement, et j’ai trouvé qu’ils étaient crédibles.

Quand tu produis en mode permaculture, tu vas dans le sens de la vie avec des associations de plantes adaptées, et l’utilisation de tes déchets verts en humus.
J’encourage mes clients dans cette voie, de développer la biodiversité dans leur jardin et de laisser la nature faire son job le plus possible. Certains particuliers produisent plus dans leur potager bio que certains professionnels. Maintenant, les villes réduisent les pesticides et quelques unes sont à un taux zéro. Elles s’engagent à ne plus désherber chimiquement devant les portes des gens. Rennes a beaucoup communiqué pour aider ses habitants à se réhabituer à la vue des « mauvaises » herbes, et fournit même des graines pour semer dans les interstices des trottoirs comme des giroflées etc.

 

Anecdote marrante

Une cliente me trouve sur mon site et me contacte : elle souhaitait offrir un cours de jardinage personnalisé à son mari pour son anniversaire. Nous nous sommes mis d’accord sur les formalités, puis elle m’a dit : « Pourriez-vous sonner et dire que vous êtes le cadeau d’Annie ? ».
Après avoir hésité, j’ai accepté. Autant dire que le mari est tombé des nues ! Et il était très content.

Michaël Jaunet, le jardinier : http://www.mon-jardinier-conseil.fr/

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